THE QUALITY OF MERCY (Frost)

A la jonction d’un énervement, l’homme s’engouffre dans la rage suintante, le corps se tend, les poings se serrent, les sourcils se froncent brièvement tandis que la respiration fuie dans une gorge obstruée par le cri silencieux souhaitant sortir, jaillir, se percuter entre les branches enneigées du lac aux mille larmes. Des voutes de neiges valsant, s’attrapant, au loin, les cygnes se reposent, regardent l’intru de leurs yeux imbibés de sanglots, anciennes nymphes aux hanches courbés, elles regrettent les joies de l’humanité. L’homme se perd dans la marche, de long en large, sur le récif de sable nacré. Une folie, encore, une déchéance.
La fragile sublime semble divine dans son habit de blanc, nimbée de ses mèches d’or, ses paupières réclament la douce agonie, ses veines bleutés un azur macabre, le meurtre git dans la pénombre de la soirée illuminée par les flocons d’étoiles narguant de leur hauteur stellaire les pauvres hères décharnés. Il enlève ses gants de cuir pour toucher, palper la soie de sa peau encore fraiche, un baiser sur le front. Tendresse inhumaine. Le loup s’engage dans son labyrinthe de pensées, des images volantes auxquelles il accorde un malsain plaisir à imaginer la tête chuter dans l’eau translucide du lac sacré.
« Je ne compte plus les fois où tu t’es amusé à tuer mes gamines. »
La patience tisse son réseau de colère sur une toile de rage enfiévrée. L’homme est courroucé, loin des beaux discours tendus d’une voix d’orage, dans ses orbes rugissent néfastes représailles alliées aux nuances spectrales d’une fierté particulière, l’affection s’empare des désirs assassins. Il s’avance à l’ombre d’un pommier d’or, venu pour chasser la pureté, la récupérer pour l’enfermer, l’ogre trouve sur son passage la charogne infâme de sa victime.
« Il y a d’autre moyen pour dire bonjour Frost. Une poignée de main. Une embrassade. Un rituel commun, connu de notre société. Tu décides de me saluer avec un cadavre gelé. Qui plus est une de mes filles aimées. »
Rigide dans une posture de guerrier, Barbe Bleue s’assoit sur un rocher poli, l’endroit maintenant déserté de vie depuis que les belles poupées animales ont entendu la voix rauque enflée de haine. Alors il attend, son pantalon de costume ajusté par la manie des riches étoffes travaillées. Monsieur patientera jusqu’au final clinquant d’une hémoglobine putride.